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Lecture rapide : les mensonges qu’on vous raconte

Ne serais-ce pas merveilleux de pouvoir lire 2 ou 4 fois plus vite que votre vitesse de lecture actuelle ? 

Imaginez le nombre de livres que vous pourriez lire, le nombre d’idées que vous pourriez découvrir et le nombre de choses que vous pourriez apprendre si, en quelques jours, vous appreniez à lire beaucoup plus vite.

Trop beau pour être vrai ? 

C’est pourtant les promesses que vous font de nombreux experts de la lecture rapide. Une simple recherche sur Google le prouve : 

  • Technique scientifique de lecture rapide: +386% en 20 minutes
  • Comment apprendre la lecture rapide en 10 min ?
  • Lecture rapide : 7 conseils pour lire plus vite et gagner en efficacité
  • Lecture rapide : La technique géniale pour lire à plus de 2000 mots par minute
  • Apprendre La Lecture Rapide Facilement Et Sans Effort
  • La lecture rapide – Multiplier votre vitesse de lecture en 10 jours
  • Etc.

Alors, existe-t-il réellement une méthode capable de multiplier notre vitesse de lecture — sans perdre en compréhension —, ou est-ce que ces experts nous mentent pour nous vendre leurs formations souvent hors de prix ?

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C’est la question que je me suis posée et, après de nombreuses recherches, je vais aujourd’hui vous aider à y voir plus clair.

Comprendre comment nous lisons

Avant de juger les techniques employées par les experts pour nous apprendre à lire plus rapidement, il est important de comprendre comment fonctionnent nos yeux et notre cerveau lorsque nous lisons.

Nous allons donc commencer par un peu de biologie — rassurez-vous, rien de très compliqué. Et puis il fallait bien que mes cours de médecine me servent un jour, non ?

Fonctionnement de l’oeil pendant la lecture

La fovéa —  située au centre de la macula — est la zone de la rétine où l’acuité visuelle est la meilleureI.

Une des raisons pour laquelle l’acuité visuelle est meilleure dans la fovéa que dans les autres zones de notre champ de vision est due à la distribution de deux types de cellules : les cônes et les bâtonnets.

Les cônesII sont des photorécepteurs — ils transforment le signal électromagnétique de la lumière en signal nerveux — sensibles à la couleur, aux détails et sont plus efficaces quand la lumière est forte.

Les bâtonnetsIII sont également des photorécepteurs mais ils sont plutôt sensibles aux nuances de gris et aux mouvements. Ils sont surtout utiles dans l’obscurité ou la nuit.

Les cônes ne représentent que 5% du total des photorécepteurs et sont principalement concentrés sur la fovéa, au centre de la rétine — et donc au centre de notre champ de vision. Leur concentration diminue très vite quand on s’en écarte.

Les bâtonnets constituent près de 95 % des cellules photoréceptrices. Leur densité est maximale en périphérie de la rétine et décroît en direction de la fovéa où elle est nulle

Schéma représentant la répartition des cônes et des bâtonnets en fonction de la distance du centre de la fovéa. Source : Wikipédia – Densité des cônes et des bâtonnets dans la rétine de primate, en nombre par mm2 en fonction de la distance de la fovéa (en degrés).

Les cônes étant plus sensibles aux détails, notre acuité visuelle est meilleure au centre de notre vision — zone correspondant à la fovéa — qu’en périphérie.

Mais cette différence de sensibilité n’est pas la seule chose qui explique que notre acuité visuelle soit meilleure dans la zone centrale de la fovéa que dans la périphérie de notre champ de vision.

Les cônes transmettent directement les informations visuelles au cerveauIV alors que les informations transmises par les bâtonnets sont agrégées — plusieurs bâtonnets sont connectés à une seule cellule ganglionnaireV, c’est à dire qu’une moyenne est faite entre les informations reçues par plusieurs bâtonnets avant d’êtres transmises au cerveau.

Schéma illustrant la différence dans la façon dont sont connectés les cônes (au centre de la rétine) et les bâtonnets (en périphérie) au cerveau. Source : Wikipédia – Retina Diagram.

Cette différence d’organization à un effet sur la façon dont sont perçus les micro-contrastes. 

Si un cône reçoit de la lumière vive et que son voisin reçoit de la lumière plus faible, le cerveau percevra un contraste bien délimité entre une zone claire et une zone foncée.

Si deux cônes voisins reçoivent cette même lumière contrastée, le cerveau ne vera qu’une zone grise : la moyenne entre la zone claire et la zone foncée.

Toutes ces informations à propos des cônes et des bâtonnets ont des implications importantes dans la façon dont nous lisons.

Les textes sont des combinaisons de lignes, généralement foncées sur un fond clair. Ainsi, être capable de distinguer précisément un contraste entre une zone claire et une zone foncée est essentiel pour reconnaitre les éléments visuels de l’écriture.

Si l’empreinte lumineuse d’un mot touche la fovéa, les cônes discerneront sans problèmes ses détails et les transmettront avec beaucoup de fidélité au cerveau. Si par contre le mot touche la partie périphérique de la rétine (hors de la fovéa), il sera transmit comme une moyenne de contrastes et apparaitra comme flou à notre cerveau.

La fovéa est donc la zone ou se fait la majeure partie de la reconnaissance des mots — et c’est ce qui explique que nos yeux font des mouvements lorsque nous lisons.

Diagram illustrant la différence d’acuité visuelle à travers les trois régions du champ visuel humain. L’acuité visuelle diminue à mesure qu’on s’écarte du centre du champ de vision. Source : So Much to Read, So Little Time.

La vision périphérique est cependant utile à la lecture

Même si notre acuité visuelle est meilleure au niveau de la fovéa, les informations transmises par les zones périphériques ne sont pas complètement ignoréesVI. De nombreuses recherches ont montré qu’elles nous permettaient de lire plus efficacement.

Par exemple, la vision périphérique nous permet de reconnaitre certains mots — les mots courts et ceux qui nous sont familiers — avant que la fovéa ne s’y arrête, lui permettant de les sauter pour gagner en rapidité.

Saccades, regressions et fixations

Fixations

Lorsque nous lisons, notre oeil s’arrête régulièrement sur les mots que nous voulons déchiffrer. Ce phénomène s’appelle une fixation.

C’est pendant les fixations que notre cerveau obtiens les informations visuelles nécessaires à la lecture.

La durée moyenne d’une fixation est d’environ 250 ms — pour un lecteur adulte et expérimenté — mais elle peut considérablement varier en fonction de différents facteurs comme par exemple : 

  • La lisibilité du texte : le contraste entre le texte et le fond, l’espace laissé entre les mots et les lignes, etc.
  • La difficulté linguistique : l’ambiguïté des mots, leur prédictibilité et leur fréquence.
  • Le lecteur : son age, son niveau de lecture, etc.
  • L’objectif de la lecture : lire, corriger les fautes d’orthographe, survoler un texte, etc.

Saccades

Une saccade oculaireVII est un mouvement bref et rapide de l’oeil qui nous permet, lorsque nous lisons, d’amener la fovéa sur le mot que nous voulons lire avec précision.

Ce mouvement n’est pas programmé à l’avance — comme le serait un métronome qui donnerait un rythme au musicien avant même de commencer à jouer — mais s’adapte en temps réel à ce que nous lisons. A tout moment, lorsque nous lisons, le cerveau s’assure que la fovéa se déplace sur le mot suivant avec le timing optimal.

Notre système visuel, lors de la lecture, retarde donc le passage au mot suivant pour laisser le temps au cerveau d’effectuer certains traitements cognitifs et linguistiques sur le mot fixé.

Généralement, aucune information visuelle n’est récoltée pendant une saccade mais le processus cognitifVIII continue.

Les saccades ne sont donc pas une perte de temps. Le cerveau continue à travailler pendant ce laps de temps.

Re-fixations

Toutes les saccades ne sont pas dirigées dans le sens de la lecture. Une petite proportion d’entre elles permettent à la fovéa une « re-fixation » du mot sur lequel elle vient de s’arrêter. 

Ce phénomène est particulièrement courant sur les mots compliqués, inhabituels ou contenants plus de 7 lettres.

Une re-fixation laisse un peu plus de temps au cerveau pour traiter les informations reçues et se préparer à analyser le mot suivant.

Régressions

Parfois, les retours sont plus importants et notre oeil revient plusieurs mots voir plusieurs phrases en arrière.

Ce phénomène est appelé régression et il joue un rôle important dans la compréhension d’un texte. 

Par exemple, quand le lecteur a mal interprété une phrase, notre système de lecture revient en arrière pour la relire plus attentivement.

Lire dans sa tête

Toutes les sociétés humaines partagent un langage oral. Les enfants apprennent à parler sans que cela ne nécessite d’instructions particulières, contrairement à la lecture ou à l’écriture qui demandent un enseignement spécifique. 

Il faut plusieurs années à un enfant pour devenir un lecteur efficace et, même dans les cultures ou la lecture est largement enseignée, certains adultes ne deviennent jamais de bons lecteurs.

Ces observations nous amènent à la conclusion que la parole est la première forme de langage. La lecture et l’écriture sont des inventions relativement récentes et sont des accessoires optionnels qui doivent être laborieusement apprisIX.

Au début, les enfants lisent généralement à voix haute. Ils convertissent un texte écrit en un langage oral qui leur est plus familier. C’est seulement ensuite qu’ils apprennent à lire dans leur tête, en silence. 

La lecture n’est pas un processus purement visuel. Elle est basée sur la langage et la prononciation des mots que nous lisons — que ce soit à voix haute ou dans notre tête — est un processus fondamental de la lecture.

De nombreuses études montrentX que prononcer les mots que nous lisons — c’est à dire transformer des informations visuelles en un langage naturel — est une aide à la compréhension — particulièrement quand il s’agit de textes complexes.

Essayer d’inhiber ce processus — c’est à dire faire en sorte de ne pas prononcer les mots que nous lisons dans notre tête — a des effets négatifs sur notre lecture.

En résumé : que se passe-t-il quand nous lisons ?

Comme nous venons de le voir, lorsque nous lisons, nous avons besoin d’informations visuelles détaillées et, pour cela, nos yeux se déplacent de mots en mots par rapides mouvements — les saccades.

La durée de chaque fixation sur un mot est variable et dépend de différents facteurs : la lisibilité du texte, la difficulté linguistique, la capacité du lecteur à lire ce texte, ou encore l’objectif de lecture.

Notre vision périphérique nous aide à reconnaitre les mots avant que notre oeil ne s’y attarde et nous permet ainsi de lire plus rapidement, mais elle n’est pas suffisamment précise pour reconnaitre des mots compliqués — et encore moins des phrases complètes.

Parfois, si un problème de compréhension survient, nos yeux font une régression. Ils retournent en arrière pour relire un mot, une expression, une phrase, voir même un paragraphe entier.

Ce sont les informations visuelles précises, récoltées par la fovéa lors des fixations, et combinées avec notre connaissance du langage, qui nous permettent d’identifier les mots et de comprendre le texte que nous lisons.

Les mensonges que les experts de la lecture rapide vous racontent

Lorsqu’on analyse les articles, les formations et les logiciels qui nous promettent d’améliorer drastiquement notre vitesse de lecture, on s’aperçoit que tous leurs conseils et techniques se résument à trois idées fondamentales. 

Pour améliorer votre vitesse de lecture, vous devez :

  1. Vous forcer à lire plus vite, sans ralentir, et en évitant les régressions et les fixations.
  2. Utiliser votre vision périphérique pour ne pas lire tous les mots que contient un texte.
  3. Eviter de prononcer ce que vous lisez — même si c’est dans votre tête.

Voyons si ces techniques sont efficaces et permettent réellement de lire plus rapidement tout en conservant une bonne compréhension du texte.

Evitez les régressions, les fixations et forcez-vous à lire vite

Le conseil le plus couramment dispensé par les experts de la lecture rapide est d’utiliser un guide — un stylo ou votre doigt — et de le déplacer à une vitesse régulière — de préférence légèrement supérieure à votre vitesse de lecture habituelle — au fur et à mesure que vous parcourez un texte. Votre objectif est alors de lire le mot qui se trouve au dessus de votre guide, en évitant de ralentir ou de revenir en arrière.

Plus récemmentXI, des logiciels vous promettant d’améliorer drastiquement votre vitesse de lecture on fait leur apparition sur le marché. Ils se basent sur la technologie RSVP (Rapid Serial Visual Presentation) dont le principe est simple : afficher le texte que vous lisez mot par mot, pour vous forcer à maintenir une vitesse de lecture élevée et éviter les régressions ou fixations.

Vous l’aurez compris, ces deux méthodes ont pour objectif d’éviter les régressions, de minimiser les fixations et d’augmenter la vitesse à laquelle vos yeux parcourent le texte que vous lisez.

Comme nous l’avons vu, notre système de lecture retarde le passage au mot suivant pour laisser le temps au cerveau de faire certains traitements linguistiques sur le mot fixé. Les outils qui vous forcent à maintenir une cadence plus rapide que votre vitesse de lecture habituelle prennent le risque de présenter un mot avant que votre cerveau ne soit prêt à le traiter — réduisant ainsi votre compréhension.

Autre problème, les mouvements régressifs de nos yeux nous aident à mieux comprendre le texte que nous lisons. Lorsqu’un texte contient des ambiguïtés ou qu’il est difficile, ce n’est qu’en le lisant attentivement que nous pouvons en comprendre le sens correct. Nous sommes souvent capable de résoudre les problèmes de compréhension en relisant un mot ou une phrase, ce qui est impossible lorsqu’on utilise ces méthodes.

De plus, pendant notre lecture, nous devons construire un modèle mental du texte en intégrant des informations issues de différentes phrases. Nous devons comprendre chaque phrase — ce qui fait appel à notre mémoire à court terme — mais aussi retenir des informations issues de paragraphes précédents — stockées dans notre mémoire à long terme. Cette gymnastique n’est pas facile, surtout lorsque nous lisons des textes difficiles. Parfois, nous avons besoin de longues régressions pour comprendre ce que nous lisons car notre compréhension dépend d’une information qui a été dite un peu plus tôt — parfois même dans un paragraphe précédent.

Les méthodes qui forcent l’oeil à se déplacer rapidement, à un rythme régulier, ou qui présentent les mots les uns à la suite des autres sans possibilité de revenir en arrière rendent ces régressions impossibles. Sans possibilité de retrouver les informations initialement ratées ou oubliées, notre capacité de compréhension s’amenuise.

Enfin, les technologies qui présentent les mots les uns après les autres empêchent le lecteur de bénéficier de sa vision périphérique. Sans prévisualisation, les mots que nous lisons sont plus difficile à reconnaitre et à comprendre.

Utilisez votre vision périphérique et ne lisez pas tous les mots

Avec de l’entrainement, certains experts de la lecture rapide déclarent que vous pouvez traiter un groupe de mots ou de phrases en une seule fixation.

Ils vous conseillent par exemple de ne pas regarder les premiers ni les derniers mots d’une ligne de texte, car votre vision périphérique saura les déchiffrer. 

Un autre conseil fréquent est de ne pas lire tous les mots d’un texte. L’idée est de ne lire que les mots importants et de sauter tous les petits mots qualifiés d’inutiles. Encore une fois, la vision périphérique se chargera de lire le reste.

A l’extrême, certains prétendent même qu’il est possible de survoler rapidement une page en zigzaguant du regard pour arriver à une lecture beaucoup plus rapide qu’avec la méthode traditionnelle.

Comme nous l’avons vu, nous avons besoin de fixer les mots pour lire efficacement — ce qui va à l’encontre de ces différents conseils.

Bien que la vision périphérique soit utile à la reconnaissance et à la compréhension des mots que nous lisons — elle permet à notre cerveau d’avoir un aperçu du mot avant de s’y arrêter —, elle n’est pas suffisante pour comprendre des portions de textes entiers.

Notre vision périphérique nous permet de reconnaitre certains mots courts et familiers. Lorsqu’un mot est ainsi reconnu, notre cerveau fait en sorte que notre oeil ne se fixe pas sur ce mot et « glisse » dessus pour s’arrêter sur le suivant — améliorant ainsi notre vitesse de lecture — mais, en aucun cas, notre vision périphérique n’est suffisante pour lire et comprendre un texte.

Des expériences visant à entrainer des lecteurs à utiliser leur vision périphérique plus efficacement ont été menées mais aucune n’a été concluante. Utiliser notre vision périphérique ne nous permet pas de lire plus rapidement tout en gardant une bonne compréhension.

Notre capacité à lire rapidement est limitée par notre habilité à identifier et comprendre les mots, pas seulement par notre habilité à les voir. Même si notre vision pouvait être améliorée, nous ne lirions pas obligatoirement plus vite — l’inverse est par contre vrai : si on ne voit pas bien les mots (mauvaise vision, mauvaise lisibilité du texte, etc.), notre vitesse de lecture ralentit. Mais à partir du moment ou on voit « correctement », voir encore mieux ne sert à rien.

Arrêtez de lire dans votre tête

Les experts de la lecture rapide déclarent qu’avec de l’entraînement vous pouvez augmenter votre vitesse de lecture en évitant de prononcer dans votre tête les mots que vous lisez.

Pour eux, nous sommes capables de lire plus vite que ce que nous sommes capables de prononcer les mots. Cet argument semble justifié puisqu’une personne qui lit dans sa tête est capable de lire beaucoup plus vite qu’une personne qui lit à voix haute — surtout si elle doit être écoutée et comprise par un public.

Pour y arriver, différentes techniques sont employées :

  • Compter dans sa tête pour ne pas prononcer les mots.
  • Emettre un son régulier et répétitif : « huuuuummmmm » par exemple.
  • Ne penser à rien et faire le vide dans sa tête.
  • Se laisser « imprégner » en silence par le mot que l’on regarde.
  • Ne prononcer que quelques rares mots rencontrés dans le texte que nous lisons.

Nous l’avons vu il y a quelques instants, prononcer les mots que nous lisons joue un rôle important dans la reconnaissance et la compréhension des textes que nous déchiffrons — même quand nous lisons en silence.

Cette pratique nous permet de transformer des signaux visuels — les lettres que nous regardons — en un langage basique et naturellement maitrisé — le langage oral, que les enfants apprennent sans avoir besoin d’instructions particulières, contrairement à la lecture et à l’écriture.

De nombreuses études ont été menéesXII sur des sujets qu’on entrainait à ne pas prononcer les mots qu’ils lisaient. A chaque fois, les conclusions sont les mêmes : cette technique diminue la compréhension des textes — rendant même la compréhension très mauvaise lorsque les textes sont difficiles.

Conclusion

Trois techniques sont régulièrement utilisées par les experts de la lecture rapide pour vous apprendre à lire plus vite.

La première vise à accélérer la vitesse à laquelle vous parcourez visuellement un texte et à limiter les fixations et les régressions.

La seconde utilise votre vision périphérique pour limiter le nombre de mots sur lesquels vous vous attardez.

La troisième vise à vous empêcher de prononcer ce que vous lisez pour vous éviter de perdre du temps à articuler les mots que vous déchiffrez.

Ces trois techniques sont incontestablement efficaces et vous permettent d’accélérer votre vitesse de lecture, mais ceci se fait au détriment de la compréhension.

Plus vous lisez vite, moins vous comprenez. Plus vous lisez lentement et attentivement, plus vous comprenez.

Ces techniques ne sont donc pas inutiles — au contraire même — mais la façon dont elles sont vendues par les experts de la lecture rapide ne sont pas toujours honnêtes.

Si vous vous inscrivez à une formation pour apprendre à lire beaucoup plus vite tout en gardant un excellent niveau de compréhension, vous serez déçu. Ce n’est tout simplement pas possible.

Deux questions restent alors en suspens : 

Premièrement, existe-t-il des techniques pour améliorer votre vitesse de lecture tout en gardant un excellent niveau de compréhension ? La réponse est oui, il en existe, mais elles ne vous permettront jamais de doubler votre vitesse de lecture en seulement quelques heures.

Il n’existe pas de remède miracle ni de baguette magique. Améliorer votre vitesse de lecture est tout à fait possible mais il vous faudra du temps et de l’entrainement.

Je reviendrais là-dessus dans un prochain article et vous apprendrez comment améliorer votre vitesse de lecture sans perdre en compréhension.

Deuxième question qui reste en suspens : les techniques enseignées par les spécialistes de la lecture rapide sont-elles complètement inutiles ? La réponse est non, bien au contraire. Ces techniques permettent réellement de parcourir un texte beaucoup plus vite qu’en le lisant de manière classique. Il faut simplement garder en tête que ce gain de vitesse se fait au détriment de la compréhension.

Imaginez un curseur qui se déplace entre d’un côté la compréhension et de l’autre coté la vitesse de lecture. Etre capable de déplacer ce curseur en fonction de vos besoin est un avantage considérable.

Lorsque vous lisez un livre, certains chapitres ne vous apportent pas grand chose — le sujet traité peut ne pas vous intéresser, ou vous pouvez déjà en avoir une bonne connaissance — vous pouvez alors accélérer votre vitesse de lecture, survoler ce chapitre, pour éviter de perdre du temps à lire et comprendre quelque chose qui ne vous apporte rien.

Si par contre un autre chapitre est intéressant et utile, déplacez le curseur du côté compréhension, ralentissez votre vitesse de lecture, et tirez tous les bénéfices de ce texte.

Aborder un livre de manière intelligente, apprendre à repérer les passages importants et savoir survoler les chapitres inintéressants est une compétence que tout lecteur efficace doit maitriser.

Cette maitrise demande de la technique et de l’entrainement. Je reviendrais également sur ce point dans un futur article que je publierai ici même, sur le blog. Si ce n’est pas déjà fait, pensez à vous abonner pour ne pas le rater.

(Lire est important. Mais plus que la lecture, ce qui est important c’est d’être capable de transformer les informations que vous amassez en connaissances exploitables, puis de les retrouver quand vous en avez besoin. Ces connaissances vous permettront de mener à bien vos projets et, à long terme, transformeront votre vie. Pour vous y aider, j’ai mis à votre disposition sur le blog un ensemble de ressources gratuites mais, pour aller plus loin et découvrir les secrets qui m’ont permis de changer de vie et de publier plus de 10 livres en 4 ans, je vous conseille de suivre la formation Comment Lire et Apprendre Efficacement)

Notes

Notes
I Wikipédia : Fovéa
II Wikipédia : Cône
III Wikipédia : Bâtonnet
IV Chaque cône n’y est connecté qu’à une cellule bipolaire, elle-même liée à une seule cellule ganglionnaire. Cette région toute petite se projette ensuite dans le cortex sur une aire mille fois plus grande. Dès qu’on s’éloigne du centre, la densité des cônes diminue très rapidement, le degré de convergence avec les cellules ganglionnaires augmente et l’acuité s’en trouve corrélativement fortement réduite. Source : Wikipédia
V Wikipédia : Cellule ganglionnaire
VI If the word to the right of the fixated word disappears after 60 ms, reading behavior is disrupted (even if the word reappears once it is directly fixated). This finding suggests that readers use information from more than just the fixated word in order to read efficiently. Source : So Much to Read, So Little Time
VII Une saccade oculaire est un bref et rapide mouvement des yeux entre deux positions stables (vitesse variant de 400 à 800 °/s et durée inférieure à 50 ms). Le but d’une saccade oculaire est d’amener très rapidement l’image d’un objet sur la fovéa. Source : Wikipédia – Saccade oculaire
VIII Enchaînement d’opérations mentales en relation avec la saisie des informations, leur stockage et leur traitement. Wikipédia : Processus cognitifs
IX Speech is the basic form of language; reading and writing is an “optional accessory that must be painstakingly bolted on”. Source : So Much to Read, So Little Time
X « In conclusion, there is considerable evidence for the involvement of phonological information during the reading process, and that this information can influence all stages from word identification to passage comprehension » : Phonological coding during reading
XI Les premières recherches datent de 1976 (Potter : « Short-term conceptual memory for pictures ») mais la technologie RSVP fait depuis peu son apparition dans des applications grand public, comme dans le Kindle d’Amazon : la fonction Word Runner.
XII Lire à ce sujet : Subvocal speech and comprehension level as a function of the difficulty level of reading material

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